Kao Technnick

J'ouvre les yeux. Ma tête brûle. Mes membres aussi. J'ai l'impression de me consumer, de mourir une nouvelle fois. Les pores de ma peau s'enflamment, ma tête explose. Mais je suis bien vivante. Et c'est ce qui me rend malade. Peu à peu, l'incendie s'éteint, et je sens l'air froid et salé envahir mes poumons.

Je me redresse sur les coudes pour regarder les lieux. Il n'y a personne. Il n'y a que moi. Et moi, je ne sens rien. Je me lève. Comme ça. Et je ne m'en rends pas compte. Parce que je suis vide. Je n'ai mal nulle part, je n'ai pas faim. Je suis vide. Une vague glaciale me lèche les pieds : la plage. Le sable sous mes pieds est dur et froid. Comment suis-je arrivée ici ? Je fouille dans mes souvenir, n'y trouve rien. Je ne me souviens de rien. Ma mémoire semble s'être diluée, être aussi vide que mon âme. Je marche le long de la rive, sans savoir ce que je cherche, ni pourquoi je respire. Pourquoi vivre ? Un quai de bois attire mon attention, au bout de la rive, et je décide de le rejoindre. En m'y rendant, je trébuche sur un bâton de bois et j'embrasse la terre humide.
-Tabarnack ! que je hurle, consciente de l'inutilité de mon sacre.

Personne ne m'entend. Et ma propre voix me semble étrangère : rauque, agressive.

Je me redresse pour la deuxième fois, le peu de vêtement me recouvrant maintenant salit par le sable, mon short en jeans devenu humide et ma camisole, tâchée. D'un geste rageur, je ramasse le bâton m'ayant fait trébucher pour le lancer à bout de bras. Surprise par son poids, je l'observe un instant. Mes yeux fixent cet outils sans le voir. Un marteau. Sans raison apparente, je me résous à l'accrocher à ma ceinture : ça peut toujours m'être utile. Je me remets en route pour rejoindre le quai, la tête pleine de souvenir que j'ai oubliés.

HS : Retour sur le quai